Son histoire :
Je n'ai jamais vraiment voulu naître, mais disons qu'à l'état de fœtus je n'étais pas à même de me suicider, si l'on peut dire ça comme ça. De toute manière, je n'aurais pas pu... pas le courage, et même aujourd'hui si parfois j'en aurais bien envie, je me contente de surmonter les épreuves. De toute manière je n'ai pas d'autre choix. Si, le suicide. Mais je n'ai que vaguement l'envie d'y penser...
Bref, je suis né comme tous les enfants, dans une clinique. C'était à Glasgow en 1991... ce n'est pas comme si je m'en souvenais vu que je venais de naître, mais on me l'a raconté... et ça, je m'en souviens. À ce qu'il parait j'étais un enfant calme, je ne bronchais pas, je pleurais rarement. En même temps, un bébé heureux, ça ne pleure pas. J'avais tout ce dont un nouveau né a besoin pour évoluer normalement...
et j'avais surtout des parents formidables. Sans eux je n'aurais jamais commencé le piano puis plus tard la basse, sans eux je n'aurais jamais su ce que c'était que la peur de monter sur scène au théâtre comme en musique, je n'aurais jamais connu les grandes écoles dans lesquelles je suis entré et leurs super professeurs et surtout, surtout, je n'aurais jamais eu une vie si... parfaite que celle que je mène aujourd'hui. Il faut aimer de tout son être les deux personnes qui se sont elles-mêmes aimées dans un lit afin de nous concevoir...

[ Les enfants font des bêtises dans le noir et les bêtises dans le noir font des enfants. ]

J'ai commencé à jouer du piano à l'âge de 4 ans. Je n'avais pas spécialement envie de devenir virtuose, mais sous le joug de mes parents, je ne pouvais pas refuser. Je me suis donc assis deux heures par jour sur un genre de tabouret moelleux et j'ai appris le solfège lié à mon instrument. Quatre ans plus tard, donc à 8 ans, je développais un véritable don pour la musique. Finalement, j'appréciais beaucoup ce que je faisais. Repéré par je ne sais qui, on m'avait proposé - ou plutôt on avait proposé à mes parents - de me faire faire de petits concerts dans des salles de jeu ou encore dans des bars, histoire de gagner un peu d'argent. Ma mère, protectrice, était plutôt contre mais mon père s'était empêché d'accepter. Disons que, même s'il s'agissait de la vie de son fils, ils étaient sur la paille... et on lui proposait un moyen de gagner ne serait-ce qu'un minimum... il n'allait tout de même pas refuser ! Donc une nouvelle fois je m'étais plié aux volontés de cet homme - mon père, donc. Ce qui m'avait le plus surpris la première fois que j'étais monté sur scène, c'était la peur que j'avais au ventre. J'aimais ça. Depuis, je prends constamment des risques pour ressentir de nouveau cette sensation...

À 14 ans j'ai acheté ma première basse. Ca m'a coûté des sous, mais au moins ça venait de moi. C'était l'instrument qui m'intéressait moi, et pas mes parents. Je prenais enfin mes responsabilités. Il s'est très vite avéré que j'avais aussi un don pour la basse... j'avais appris seul et le rock me plaisait aussi. Tout allait bien. C'était la belle vie. Grâce à mes petits concerts de coin de rue, mes parents avaient réussi à remettre de l'argent dans le compte, car ils étaient criblés de dettes. Malheureusement. Mais tout ça avait fini par s'arranger...

Rien de majeur dans la suite de ma vie, j'ai grandi et forgé un caractère selon mon vécu. J'ai adopté un style vestimentaire fixe vers mes 16 ans, comme la plupart des adolescents normaux. J'ai développé ma culture musicale et générale, je me suis inscrit dans un grand lycée de bonne renommée... et j'ai reçu cette lettre. J'ai d'abord cru que c'était un canular, une blague loufoque d'un de mes camarades de classe, mais j'ai tout de même cherché sur le net. Après tout, il y a des choses que l'on n'explique pas ici bas, alors pourquoi pas. Je me suis documenté sur cette fameuse école des Arts à Helsinki en Finlande... et j'ai découvert qu'un voile de mystère entourait l'Académie malgré la grande réputation qu'elle avait eu à ses débuts. Effectivement, la directrice de l'école s'était volatilisée en une nuit, et jamais personne ne l'avait retrouvée... ni vivante... ni morte. [À suivre...]

[Suite !] Bien sûr qu'au départ je me suis dit qu'elle avait dû fuguer, qu'elle en avait eu marre et qu'elle avait jeté l'éponge. Il parait qu'elle faisait des cauchemars, et même si je ne sais absolument pas à quoi se référaient ces mauvais rêves, c'est une raison tout à fait valable pour péter une durite. Elle sentait qu'elle avait pris un coup de vieux et qu'elle ne pouvait plus continuer à mener le bal et elle avait décidé de prendre une retraire bien méritée au fin fond de l'Himalaya dans une grotte glacée et de se reconvertir en ermite... voilà tout. Mais en lisant des articles sur le sujet - parce qu'après tout j'étais intéressé, j'ai fini par me rendre à l'évidence : ce n'était pas si facile. Et l'histoire a commencé à me faire baliser un peu. Me rendre là-bas avec le passé sombre de l'école...? Je n'en étais plus si sûr, tout d'un coup ! Mais j'ai pris mon courage à deux mains. Après tout, si à l'époque ils n'avaient rien trouvé, pourquoi pas nous, les nouveaux élèves ? Je suis persuadé que je ne serai pas le seul à m'y rendre (<= fort esprit de déduction)... c'est pour cela que j'ai fait mes valises. J'allais enfin vivre quelque chose de fort ! Et puis, les arts de la scène tout ça, c'était ma destinée. Donc bon, autant m'y plier.